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Aide médicale à mourir : un élargissement « très dangereux », dit le RAPLIQ

Linda Gauthier, porte-parole du RAPLIQ, dans son salon.

Linda Gauthier, porte-parole du RAPLIQ (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement va trop loin en élargissant l'aide médicale à mourir (AMM) aux personnes ayant un handicap neuromoteur grave, avancent deux militants pour les droits des personnes handicapées. Selon eux, l'État risque d'ouvrir la porte à des décès, ce qui tiendrait du suicide plutôt que des soins de santé.

Linda Gauthier, fondatrice et consultante principale du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ) (Nouvelle fenêtre), voit d'un très mauvais œil cette partie du projet de loi 11 (Nouvelle fenêtre) présenté jeudi par le gouvernement du Québec.

Si elle est favorable à l'aide médicale à mourir pour les personnes ayant une maladie dégénérative, elle estime qu'il est très dangereux de l'offrir aux personnes qui ne décéderont pas de leur handicap.

Jusqu’où ça peut aller? Quand tu es en période de découragement, c'est très facile de faire appel à l’AMM et d’en finir une fois pour toutes, affirme-t-elle en entrevue téléphonique.

Mme Gauthier est atteinte de sclérose en plaques et combat présentement un cancer.

Je me souviens qu'au début de mon handicap, je me disais que si, un moment donné, la déchéance commence à s’installer, que j’ai des douleurs, j’irai consulter [...] Je n’aurais jamais pensé que je pouvais être résiliente face à certains deuils que j’ai faits et certaines contraintes que j’ai.

Son collègue du RAPLIQ, Laurent Morissette, en rajoute.

Si une personne n'est pas dans un état dégénératif sans issue, ce n'est pas faire preuve de compassion et de laisser le libre choix à quelqu'un. C'est nier que l'État laisse tomber les gens parce qu'offrir la dignité, ça coûte trop cher.

Une citation de Laurent Morissette, membre du conseil d'administration du RAPLIQ

Le Québec est déjà l'administration où se trouve la plus grande proportion de décès dus à l'aide médicale à mourir.

Entrevue avec Georges L'Espérance, président de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, concernant la prévalence de l'aide médicale à mourir au Québec.

Aider les personnes prisonnières de leurs corps

Lors de la présentation du projet de loi 11, la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, a souligné que l'inclusion du handicap neuromoteur grave et incurable dans les paramètres de l'aide médicale à mourir résulte de longues discussions avec les personnes concernées.

La ministre a aussi rappelé la décision judiciaire rendue dans le cas de Jean Truchon. M. Truchon était atteint de paralysie cérébrale et réclamait le droit d'avoir accès à l'AMM afin d'ouvrir les portes du paradis à tous ceux et celles qui souffrent, comme moi, d'une manière physique et psychologique. Il a remporté sa cause et s'est prévalu de l'aide médicale à mourir en avril 2020.

Je suis confiante qu’on est rendu à un autre niveau pour les personnes avec un handicap neuromoteur grave, irréversible, avec des souffrances physiques et psychologiques non apaisables, a dit la ministre. Ayez en tête l'image d’une personne prisonnière de son corps. C’est de ça qu’on parle. Ce n'est pas une fin de vie imminente, mais c'est vivre avec des souffrances atroces.

Linda Gauthier reconnaît que chaque personne doit faire son propre choix. Mais elle souligne que, si l'AMM est trop permissive, ce choix pourrait être fait pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les soins ou la qualité de vie. Par exemple, une dépression.

Il y en a qui sont tannés de souffrir. Un moment donné, ils vont faire appel à l'AMM et il n'y aura personne pour les dissuader et les accompagner dans ces idées-là.

De son côté, l'ex-députée péquiste Véronique Hivon, qui a été le visage politique de l'aide médicale à mourir pendant de nombreuses années, estime que le gouvernement ouvre un nouveau débat avec la question du handicap neuromoteur. Elle souhaite consulter davantage avant de se prononcer sur le sujet.

C’est tout un autre débat, parce qu’on est dans une philosophie différente. On n'est pas devant une maladie qui nous mène vers la mort, on est dans un état. [...] Je pense que le débat doit être très profond avec les personnes concernées et avec la société, à savoir : est-ce qu’on souhaite ça? Est-ce que c’est une avancée qu’on veut?, a-t-elle dit sur le plateau de RDI.

Mme Hivon estime néanmoins que le projet de loi du gouvernement Legault est globalement solide.

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