Nous déplorons la mort d’Yvan Tremblay, un homme en situation de handicap qui, menacé d'expulsion de son appartement, a préféré se suicider le 14 septembre dernier. Isabelle Maréchal décrit bien la situation : « Il a décidé de mettre fin à ses jours parce qu’il n’en pouvait plus d’un système inhumain ».
M. Tremblay habitait cet endroit adapté à ses besoins depuis 10 ans. Les gestionnaires du centre d’hébergement où il logeait l'ont expulsé de son logement à cause de nouvelles règles de sécurité imposées par le gouvernement. Ils ont soutenu qu'il ne pouvait plus y demeurer parce qu’il aurait été impossible de l’évacuer en cas de sinistre. S’il n'acceptait pas de partir de lui-même, on avait l'intention de le déménager dans un beaucoup plus petit appartement (sans cuisine et sans espace de rangement). Ses options étaient réduites au minimum.
Un voisin de palier constatait que « Yvan n’avait pas une qualité de vie extraordinaire, mais ici, il avait trouvé un semblant de vie. Et ils ont soufflé la petite bougie qui restait. »
Il y a quelque temps, nous affirmions dans ce blogue que la légalisation de l’euthanasie crée un risque pour les personnes en situation de handicap, qui se retrouvent souvent sans choix ni alternative. La triste histoire de M. Tremblay l'illustre bien. Il ne voyait plus d’autre option que la mort.
Tant et aussi longtemps qu'on ne leur aura pas donné accès à tous les services nécessaires, bien d’autres personnes en situation de handicap risquent aussi de « choisir » la mort - surtout si l’euthanasie (ou « l’aide médicale à mourir ») est légale. Trop de cas en font foi en Belgique, aux Pays-Bas, en Oregon et ailleurs, où des personnes aux prises avec le même type de problème ont demandé l’euthanasie par manqué d'options. Comme le soutient l'organisme Moelle épinière et motricité Québec, « le gouvernement doit comprendre que les personnes vulnérables ont des besoins criants et qu’au-delà des statistiques et des chiffres se trouvent des vies humaines ».
Il faut à tout prix améliorer non seulement l’accès aux ressources qui favorisent l'autonomie, mais aussi l’accès aux soins palliatifs. De plus, il faut éviter de créer (et d'appliquer) des règlements sans considérer leur impact réel - et souvent dramatique - sur la vie des gens.
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2014