Au lendemain de l’annonce faite par le Collège des Médecins du Québec sur la publication le 10 septembre prochain de son premier guide de l’euthanasie à l’intention des médecins, les 29 maisons de soins palliatifs du Québec ont annoncées qu’elles se prévalaient toutes de la possibilité de retrait prévue dans la loi pour leurs établissements. Elles refuseront donc toute forme « d’aide médicale à mourir ».
À leur suite, le CHUM a également déclaré que l’euthanasie ne sera pas offerte dans son département de soins palliatifs. « Tout le monde était contre, c'était unanime. C'était prévisible compte tenu des mémoires qui ont été déposés en commission », souligne le Dr Serge Daneault, qui œuvre dans ce service. La députée péquiste Véronique Hivon, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de soins de fin de vie, s’est dite très surprise face à la « position prise en bloc, sans aucune nuance, par l’ensemble des 29 maisons des soins palliatifs au Québec ».
En effet, à l’approche de l’entrée en vigueur de la Loi 52 légalisant l’euthanasie, ce refus global réitère le message sans équivoque formulé en Commission parlementaire au gouvernement en 2013 : les établissements ainsi que la très grande majorité des médecins qui œuvrent en soins palliatifs sont toujours opposés à toute forme d’euthanasie.
Un récent sondage en ligne effectué auprès des membres de l'Association Médicale Canadienne révélait par ailleurs que 63% des médecins canadiens refuseraient d’aider un patient à mettre fin à sa vie s’il en faisait la demande. « L’aide médicale à mourir, explique le Dr Michel L'Heureux de la Maison Michel Sarrazin, ne fait pas partie de notre conception des soins palliatifs. (…) C'est un paradoxe que le gouvernement soit allé de l'avant même si les experts du terrain disaient qu'il ne fallait pas faire ça.»
Cette prise de position du corps médical qui côtoie le plus les patients en fin de vie relance donc le débat sur l’euthanasie et confirme que l’administration d’un cocktail mortel par intraveineuse est loin de faire consensus. En ce sens, Vivre dans la dignité joint sa voix à celle des intervenants en soins palliatifs pour réaffirmer qu’il n’y a aucun besoin d’euthanasie et qu’il serait encore plus dommageable pour les soins de tous d’en permettre l’accès dans les milieux de soins palliatifs.
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2015