Des personnes handicapées demandent l’aide médicale à mourir en raison de besoins non satisfaits: le « faux choix » canadien

Le Canada sous examen à l’ONU

Le Comité des droits des personnes handicapées (Organisation des Nations Unies) a procédé les 10 et 11 mars à Genève (Suisse) à l’examen du rapport soumis par le Canada au titre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Comme cet examen passe sous le radar médiatique en raison de l’actualité, le réseau citoyen Vivre dans la Dignité tient à souligner certaines des interventions d’experts des Nations Unies abordant l’aide médicale à mourir ainsi que des recommandations de groupes canadiens participant aux travaux. 

« Un faux choix »

Capture d’écran webtv.un.org

Dans son compte-rendu officiel en anglais (une version différente est aussi disponible en français), le Service de l’information des Nations Unies reprend les propos de Mme Rosemary Kayess, vice-présidente du Comité des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées (Australie) et cheffe du groupe de travail sur le Canada, qui s’est dite préoccupée du fait que « … des personnes handicapées cherchent à obtenir l’aide médicale à mourir en raison de besoins non satisfaits », ce qui constitue selon elle un échec systémique de l’État partie. Elle poursuit :  « L’impact disproportionné de ces défaillances, incluant la pauvreté et un manque d’accès à l’emploi et aux services, a renforcé le soi-disant choix de recourir à l’aide médicale à mourir comme alternative. Comment cela peut-il ne pas être considéré comme une euthanasie sanctionnée par l’État ? Si le choix est le déclencheur, pourquoi ne s’est-on pas également concentré sur le soutien dont cette personne avait besoin, ce qui l’aurait sortie de l’isolement social où elle percevait la mort comme la seule option qui s’offrait à elle ? ».

Mme Kayess a ajouté : « Pour moi, c’est encore un faux choix ». Elle ira jusqu’à dire durant les échanges : « Ne voyez-vous pas là un retour aux programmes d’eugénisme approuvés par l’État ? ».

Comme il est fréquent lors de ces examens, les réponses de la délégation canadienne étaient souvent préparées à l’avance et n’ont pas semblé satisfaire les experts.  « Le dialogue aurait été plus fructueux si l’on s’était moins appuyé sur des déclarations préparées qui, souvent, ne répondaient pas aux questions de la Commission », selon M. Markus Schefer, membre du comité de l’ONU qui a dû rappeler au début de la seconde journée d’éviter les « canned answers » (réponses toutes faites).

Recommandations de groupes canadiens

Vivre dans la Dignité appuie ces recommandations émises par plus de 50 organisations (dont plusieurs étaient à Genève) dans le Rapport parallèle de la société civile pour le Canada :

– Abroger la voie 2 de l’AMM (lorsque la mort naturelle n’est pas raisonnablement prévisible);

– Abroger les dispositions légales qui rendront la voie 2 de l’AMM accessible aux personnes souffrant d’une maladie mentale comme seule condition médicale sous-jacente en mars 2027.

Comme le rappelle Inclusion Canada dans un communiqué émis lundi, plusieurs organisations de défense des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que des particuliers, ont contesté les lois canadiennes élargissant l’AMM devant la Cour supérieure de l’Ontario en invoquant la Charte.

Vivre dans la Dignité tient également à souligner cette recommandation de la Commission canadienne des droits de la personne :

« Recommandation n° 3 : Avant de prendre de nouvelles mesures concernant son élargissement, le Canada devrait procéder à un examen critique et approfondi de ce qui s’est passé depuis l’entrée en vigueur de la législation sur l’AMM, notamment en recueillant les preuves et les témoignages nécessaires pour bien comprendre qui a recours à l’AMM et pourquoi, et en veillant à ce que les expériences et les préoccupations des personnes les plus marginalisées soient entendues, valorisées et prises en compte. »

Les recommandations de plusieurs autres groupes méritent votre attention dont celles de l’Assemblée des Premières Nations, de l’Association pour la santé environnementale du Canada (et du Québec) et l’Alliance féministe pour l’action internationale.

Toutes ces recommandations sont disponibles dans les rapports déposés sur cette page, tout comme ceux de la délégation canadienne que nous vous invitons à lire et analyser. Le Rapport parallèle de la société civile pour le Canada se trouve sous le nom d’un des signataires, ARCH Disability Law Centre.

Prochaine étape? Le Comité des droits des personnes handicapées (ONU) rendra publiques ses observations finales le 21 mars prochain (fin de sa session actuelle).

Pour revivre l’ensemble des échanges du Comité avec la délégation canadienne cette semaine (deux sessions de trois heures) :

– Le 10 mars https://webtv.un.org/fr/asset/k1n/k1n09gnpy1 (les citations de Mme Kayess, vice-présidente du Comité des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, sont à 02:19:04 et 02:25:04);

– Le 11 mars https://webtv.un.org/fr/asset/k1j/k1jvnn43r1.

30 –

Contact médias :
Jasmin Lemieux-Lefebvre
Coordonnateur, réseau citoyen Vivre dans la Dignité
www.vivredignite.org
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