Puisque le Projet de loi 52, Loi concernant les soins de fin de vie, est modelé de très près sur la loi adoptée en Belgique en 2002 – une loi qui réservait l’euthanasie à des « cas exceptionnels, sous strictes conditions » –, il est fort intéressant de vérifier ce qui s’y est passé. On réalise vite l’inefficacité des balises, l’interprétation de plus en plus large donnée aux conditions fixées, l’élargissement de la loi à d’autres groupes de personnes. Voici quelques exemples révélateurs :
- Le 13 février 2014, sans fixer de conditions d’âge, la Belgique a légalisé l'euthanasie pour les enfants et adolescents atteints de maladie incurable et affrontant « des souffrances insupportables ». Il n’a donc fallu que 11 ans pour que la loi permette de tuer des mineurs.
- À la mi-avril, la Société belge de médecine intensive (SBMI) a donné son appui à l'euthanasie involontaire (sans l’approbation du patient) en déclarant que le fait de « raccourcir le processus de mort en administrant des sédatifs au-delà de ce qui est nécessaire pour le confort du patient n'est pas seulement acceptable, mais désirable » .
- Au cours des dernières années, de nombreux cas dramatiques de personnes qui ont demandé et obtenu d’être euthanasiées (sans pourtant être en fin de vie) ont retenu l’attention. En voici quelques exemples : (1) des jumeaux de 45 ans, sourds de naissance et risquant de devenir aveugles; (2) une femme anorexique de 44 ans ; (3) un transsexuel de 44 ans, à la suite d’une opération de changement de sexe ratée; (4) un prisonnier désirant mourir; (5) un couple (lui âgé de 90 ans, elle de 89 ans), après 70 ans de vie commune et ne pouvant s’imaginer vivre l’un sans l’autre. On apprend aussi que 23% des poumons greffés proviennent de donneurs euthanasiés.
- Le Sénat a approuvé l’euthanasie de personnes démentes. Il reste aux membres de la Chambre des représentants à voter .
- Entre 2003 et 2012, le nombre d’euthanasies annuelles est passé de 235 à 1432. Dans la région des Flandres, 47% des euthanasies ne sont pas rapportées et 31% sont réalisées sans le consentement explicite du patient (dans 78% de ces cas, la question n’a pas été abordée avec le patient) .
- Bien que la loi l’interdise, ce sont des infirmières qui réalisent 22% des euthanasies.
Autre exemple révélateur: celui des Pays-Bas où le nombre de morts par euthanasie a plus que doublé entre 2003 et 2012, passant de 1815 à 4188, soit 3% du nombre total des décès. Un ex-leader du mouvement pro-euthanasie y a récemment déclaré que la loi avait « déraillé ».
Il est illusoire de penser que le Québec échappera à de telles dérives advenant la légalisation de l’aide médicale à mourir (euthanasie). Les propos de certains des grands ténors du Projet de loi 52 à ce sujet sont explicites :
- « Cette question des patients inaptes à consentir aux soins, notamment les mineurs, devra inévitablement être abordée. À nos yeux, une certaine ouverture ne constituerait en rien une dérive, mais bien une réponse plus complète à la question initiale » (Collège des médecins du Québec, Mémoire présenté à la Commission de la santé et des services sociaux, 17 septembre 2013).
- Interviewée en janvier 2014 à l’émission « The Current » (CBC), la ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, Véronique Hivon, commentait la décision de la Belgique d’étendre l’euthanasie aux mineurs . Après avoir précisé que le Projet de loi 52 ne visait que les adultes et les personnes aptes, elle a ajouté : « Il était important de faire cela pour atteindre un consensus, pour aller de l’avant. Il était important de prendre ce premier pas »…