Derrière les montagnes de chiffres

Le mois d'avril s'est terminé avec la publication du premier rapport intérimaire du gouvernement fédéral sur l'euthanasie et le suicide assisté au Canada.

Selon le rapport, il y aurait eu 970 personnes qui se sont suicidées avec l'aide d'un médecin à travers le pays. Près de la moitié des euthanasies (463) a eu lieu au Québec durant la 1re année de la Loi sur les soins de fin de vie, tandis que l'autre moitié (504 euthanasies et 3 suicides assistés) a eu lieu dans le reste du Canada durant les six premiers mois de la loi fédérale, soit du 17 juin au 31 décembre 2016.

Peu d'indices nous permettent de faire une analyse humaine de ces données, sinon que la majorité des cas (57%) concernent des personnes atteintes du cancer, et que les personnes euthanasiées étaient en moyenne âgées de 72 ans. D'ailleurs, nous rejoignons ce que la Coalition for Healthcare and Conscience a récemment déclaré en entrevue alors que son porte-parole insistait sur la nécessité de savoir pourquoi les gens ont pris cette décision fatale, au-delà des "problèmes médicaux sous-jacents".

En effet, ce n'est qu'en s'interrogeant sur les motifs profonds derrière ces morts provoquées que nous pourrons éviter de tomber dans le piège d'une analyse stalinienne basée uniquement sur des statistiques impersonnelles. Ce serait un grand scandale d'entretenir une ignorance collective par des montagnes de chiffres qui nous empêcheraient de voir que notre système cautionne le suicide médical de nombreuses personnes qui se sentent simplement abandonnées, mal accompagnées ou dont les douleurs sont mal traitées. Comme société, il ne faut surtout pas perdre de vue que le désir de mourir n'est que le symptôme d'un mal-être et non pas la solution aux problèmes qui en sont à l'origine.

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