À la vue des événements du dernier mois, il semble que les demandes d'extension de l'euthanasie ne prennent pas de vacances...
Au Québec, à peine un mois après la lettre publiée par le secrétaire du Collège des médecins – dans laquelle il faisait part de ses inquiétudes face à l'émergence « d'un discours réclamant une forme de mort à la carte » et où il dénonçait ceux qui interprètent les refus d’euthanasie comme une forme d'exclusion – voilà que l’avocat Jean-Pierre Ménard a décidé de porter devant les tribunaux la cause de deux personnes vivant avec un handicap qui se sont vu refuser l’aide d’un médecin pour se suicider. Les plaignants demandent à ce qu’on élimine de la loi fédérale le critère de « mort raisonnablement prévisible », et de la loi québécoise, la notion de « fin de vie ».
Parallèlement, les premières audiences du procès fort attendu de Michel Cadotte – cet homme accusé d'avoir tué sa femme atteinte d'Alzheimer en l'étouffant avec un oreiller – ont révélé que ce dernier vit « très durement » avec son geste, au point d’avoir « un urgent besoin de consulter un psychologue ». Malgré tout, M. Cadotte plaidera la « compassion » pour justifier le meurtre de son épouse qui aurait déjà affirmé qu’elle « aimerait mieux mourir que de se retrouver dans un CHSLD ».
Ainsi, au lieu de déboucher sur des moyens d’améliorer les conditions de vie en CHSLD, la tournure donnée à ce procès aura plutôt une incidence directe sur l'une des extensions actuellement à l'étude au niveau fédéral. En effet, des experts sont justement en train de se demander s'il est socialement acceptable de mettre fin à la vie d'une personne atteinte d'une forme de démence malgré qu'elle ne sera plus en mesure d'exprimer son consentement au moment de sa mise à mort.
Pendant ce temps, en Colombie-Britannique, un procès a débuté pour examiner la constitutionnalité de la loi fédérale. Au final, pour les tribunaux, l'enjeu sera de savoir si le critère de « mort raisonnablement prévisible » doit être vu comme une « balise de protection » ou si, comme le font valoir les plaignants, il s'agit plutôt d'une « barrière à l’accès » qui prive des gens de leur « droit de mourir ».
De toute évidence, le venin inhérent à toute loi légalisant une forme d'aide au suicide continue imperturbablement de se répandre dans notre système social. La première année des lois fédérale et québécoise est à peine derrière nous que nous voyons déjà apparaître plusieurs recours juridiques réclamant à hauts cris l'extension de l'aide au suicide à d'autres « cas exceptionnels ».
Au cœur de ces différentes causes portées devant les tribunaux, derrière l'épaisse fumée émotive et l'usage répété ad nauseam du mot « compassion », se cachent en réalité un enjeu social extrêmement important pour notre avenir collectif : quelle valeur la société va-t-elle officiellement attribuer aux personnes vivant avec un handicap? À cette question est intimement lié la réponse que nous allons donner : allons-nous permettre que l'État cautionne et renforce les préjugés qui collent aux personnes vivant avec un handicap l’étiquette de « vie indigne d'être vécue », ou allons-nous au contraire nous battre contre ces préjugés ignobles?
Pour notre part, comme ce fut le cas dans mon article publié dans le Huffington Post, soyez assurés que Vivre dans la Dignité continuera de faire entendre la voix des personnes qui veulent bâtir une société d'entraide plutôt que de faciliter la mort aux personnes qui ont besoin d'aide. Nous comptons sur votre soutien et nous vous encourageons à participer aux débats en appelant les lignes ouvertes, en écrivant aux journalistes, en contactant votre député et en écrivant vos commentaires sous les articles qui défendent notre vision.
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2017