Euthanasie : accroître la portée de la loi

Il y a bel et bien des dérives là où l’euthanasie ou le suicide assisté sont légalisés. C'est un fait indéniable. On parle parfois de « pente glissante », mais il serait plus exact  d’utiliser l’expression « accroître la portée de la loi », puisque cela reflète parfaitement la situation actuelle dans ces pays.

L’idée de la « pente glissante » dérange. On nous dit qu’il faut se pencher uniquement sur « la question actuelle » et ignorer des « scénarios improbables ». Il n’y a rien d’improbable dans les multiples cas de dérives documentés aux Pays-Bas, en Belgique ou en Oregon. Prenons comme exemple le cas d’une dame anorexique euthanasiée en Belgique; le cas des 45 patients psychiatriques euthanasiés aux Pays-Bas en 2013; ou le cas d’une dame inapte qu’un psychiatre avait jugé inadmissible au suicide assisté en Oregon et qui n'en est pas moins morte d’une prescription de drogues mortelles.

La « pente glissante » est pourtant un concept bien compris et accepté. Le nouveau gouvernement du Québec songe à privatiser partiellement Hydro-Québec. À la suite d'un article à ce sujet se trouve le commentaire suivant: 

« Partiellement qu’ils disent... Quand le pied est mis dans la porte, tout le monde sait très bien ce qui arrive ensuite... »

 

Parlons donc d’accroître la portée de la loi plutôt que de pente glissante, parce que la pente glissante suggère un futur incertain, alors que l'accroissement de la portée de la loi traduit la réalité. Plus l’euthanasie est pratiquée, plus on s'y habitue et moins on se pose de questions. Quand on a demandé à un médecin néerlandais de décrire son premier cas d’euthanasie, il a dit :

« C’était affreux. Nous avions agonisé toute la journée. Mais le second cas a été beaucoup plus facile et le troisième a été un jeu d’enfant ».

  • Les Pays-Bas ont légalisé l’euthanasie en 2002 pour les adultes. Peu après, le Protocole de Groningen y était créé et adopté; un médecin adhérant aux critères de ce protocole peut euthanasier un nourrisson sans avoir peur d'être poursuivi, bien que ce soit illégal.
  • La Belgique a légalisé l’euthanasie en 2003 pour les adultes. Douze ans plus tard, l’euthanasie est devenue légale pour les enfants de tous âges.
  • Le Québec s’apprête à adopter une loi permettant « l’aide médicale à mourir » (un euphémisme pour euthanasie) pour les adultes aptes « seulement ». Quelques groupes ont déjà réclamé l’ajout des personnes mineures et inaptes au projet de loi. De plus, la ministre qui a déposé ce projet de loi l'a décrit comme « une bonne première étape ».

Ne nous leurrons pas : si le Québec légalise « l’aide médicale à mourir », il faudra peu de temps avant que certains veuillent accroître la portée de la loi. Plus on multipliera les euthanasies, moins nous y serons sensibles. La prochaine étape, d'ici quelques années, sera l'euthanasie de mineurs et de personnes inaptes, sans parler d'autres possibles abus. Nous ne pouvons accepter cela!

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