Les statistiques complètes de la première année d'euthanasie au Québec ont été rendues publiques durant le mois de mars. Alors que les prévisions avançaient une centaine de demandes la première année, il y a finalement eu 461 personnes au Québec qui sont mortes par euthanasie entre décembre 2015 et décembre 2016. Cette explosion d'euthanasies équivaut à la 6e année en Belgique si l'on prend le pourcentage par rapport au nombre total de décès. Et si le rythme du dernier trimestre se poursuit (sans continuer d'augmenter), la 2e année au Québec pourrait correspondre à la 9e ou à la 10e année de la Belgique.
Malheureusement, les signaux que nous envoie le gouvernement du Québec n'ont rien pour calmer la frénésie autour de l'euthanasie. En effet, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a conclu le mois de mars en annonçant « des mesures destinées à alimenter la réflexion sur un éventuel élargissement de la Loi concernant les soins de fin de vie », notamment pour l'étendre aux personnes inaptes, c'est-à-dire les personnes atteintes d'une forme de démence comme l'Alzheimer.
D'ailleurs, rappelons que la « réflexion » du gouvernement donne directement suite au meurtre d'une femme atteinte d'Alzheimer. Dans cette veine, l’avocate du Montréalais accusé d’avoir tué sa femme estime que ce sera à la société et au tribunal de décider s’il s’agit d’un meurtre ou d’une aide à mourir.
Dans ce cas, nous sommes peut-être à l'aube d'une nouvelle ère où les avocats pourront dorénavant faire appel aux sondages populaires afin de décider si le motif du criminel mérite une sentence ou non. Voilà un autre exemple de confusion qui découle de la légalisation de l'homicide médical comme solution à certains problèmes, alors que s'efface tranquillement la distinction entre ne pas porter de jugement quand on ignore les circonstances, mais savoir reconnaître la nature criminelle d'un acte indépendamment du motif à son origine.
De plus, au lieu de donner suite aux 21 cas d'abus recensés par la Commission chargée d'évaluer l'application de la loi, le ministre Barrette a préféré modifier le mandat de la Commission pour qu'elle puisse analyser les situations où un médecin a refusé une euthanasie. Indéniablement, il s'agit-là de cibler la prochaine clientèle à qui l'euthanasie sera vendue, notamment les personnes vivant avec une maladie chronique.
Du côté fédéral, le même son de cloche nous démontre que la même vision fait son chemin, toujours à sens unique: celui de l'élargissement des critères de la loi. En effet, le gouvernement fédéral examine lui aussi la possibilité d'étendre les critères d'admissibilité pour l'euthanasie et le suicide assisté en analysant les cas de personnes qui s'en sont vues refuser l'accès.
Ces extensions prévisibles des critères d'admissibilité confirment la suite logique de toute légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté. Ainsi, une fois que le duo homicide-suicide est socialement accepté comme une solution à certains problèmes, la véritable question devient: pourquoi dire oui aux uns, et non aux autres?
ShareMAR
2017