Le réseau citoyen Vivre dans la Dignité et le Collectif des médecins contre l'euthanasie ont pris connaissance du rapport du Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir qui recommande, entre autres, que d'ici 2019, les professionnels de la santé puissent soulager les enfants qui souffrent en leur offrant de l’aide pour se suicider. Exclus des auditions comme plusieurs autres organismes soucieux de défendre les personnes vulnérables, VDD et le Collectif partagent les inquiétudes des membres du Rapport dissident qui réclament « plus de protections pour les personnes vulnérables » (p. 57).
En effet, avec son « approche centrée sur le patient », le rapport principal du Comité mixte cherche surtout à rendre le suicide facilement accessible au plus grand nombre, allant même jusqu’à recommander au gouvernement fédéral de « s’assurer que le processus régissant l’aide médicale à mourir ne prévoie pas de mécanismes d’examen et d’approbation préalables » (p. 34).
Dans cette optique, le rapport principal suggère que les critères soient vérifiés une fois que la personne est décédée, même s’il ne mentionne aucune obligation pour le médecin d’obtenir un consentement écrit de la part du patient – seulement « dans la mesure du possible » (p. 28). Par contre, dans ses Considérations secondaires, « le Comité tient à insister sur la nécessité de s’assurer que les professionnels de la santé qui agissent de bonne foi soient à l’abri de poursuites en responsabilité civile » (p. 34).
De plus, le rapport principal recommande des mesures qui auraient pour effet de nier le droit de conscience des professionnels de la santé prévu par la Charte. Il propose, par exemple, d’obliger les médecins et les infirmiers(ère)s à se faire complices d’homicides qu’ils ne cautionnent pas, en recommandant « qu’à tout le moins, le professionnel de la santé objecteur de conscience aiguille correctement le patient pour qu’il obtienne l’aide demandée » (p. 29).
Par ailleurs, le rapport principal suggère une gamme de raisons « admissibles » qui placent les personnes vulnérables en grand danger de mort. Ainsi, les personnes qui souffrent psychologiquement (dépression), qui ont des idées suicidaires, des maladies psychiatriques, ou les personnes qui ont peur de l’avenir seront accompagnées dans leur suicide. Le rapport reconnaît qu’ « il sera sans doute difficile pour les professionnels de la santé de gérer les cas de troubles mentaux », mais il ajoute que « la complexité de tels cas ne justifie pas que l’on fasse de la discrimination à l’endroit de ces personnes en leur refusant l’accès à l’AMM » (p. 15-16).
Pour finir, le rapport principal du Comité mixte continue de nous servir une sauce de vœux pieux concernant les véritables enjeux : l’amélioration essentielle de l’accès à de bons soins palliatifs et le développement des soins en santé mentale.
À peine passée la Semaine de prévention du suicide, voilà que nos dirigeants politiques reprennent leurs beaux discours sur « le droit d’être aidé à se suicider ». Cette incohérence n’a d’égal que le désir du Comité mixte de voir maintenue la confusion qui a largement permis l’adoption de la Loi 2 au Québec. Le rapport principal concède en effet, d’entrée de jeu, la victoire de l'euphémisme « aide médicale à mourir » en recommandant « que cette expression soit utilisée dans tout projet de loi futur sur la question » (p. 11) pour que les termes suicide assisté et euthanasie, « termes lourds de sens » (p. 11), soient officiellement bannis du vocabulaire public.
Vivre dans la Dignité et le Collectif des médecins contre l'euthanasie encouragent plus que jamais les citoyens et citoyennes conscients du drame sociétal qui achève de se jouer au Canada à interpeller leurs députés fédéraux pour qu’ils élaborent un projet de loi respectueux du droit à la vie et des droits de la conscience.
FEB
2016