Aide médicale à mourir – d’un parti totalitaire à un autre

Au cours d’une assemblée tenue le 15 mai à l’église Good Shepherd de Brossard, à laquelle assistaient environ 75 personnes, le Dr Barrette a fait quelques déclarations pour le moins surprenantes dans un discours truffé de demi-vérités et d’erreurs sur le contenu du Projet de loi 52 qui vise, notamment à décriminaliser l’euthanasie sous son euphémisme «d’aide médicale à mourir».

Le Ministre de la Santé a révélé avoir fait, plus tôt dans la journée, une présentation de deux heures au caucus du PLQ pour que les nouveaux élus comprennent bien ce projet de loi et qu’il n’y avait pas unanimité sur le sujet. Hier soir, il affirmait avec conviction que le PL 52 serait néanmoins réintroduit dans l’état dans lequel il était avant la dissolution de l’Assemblée nationale comme le Dr Couillard l’avait promis en campagne électorale.

Questionné, le Dr Barrette a reconnu que cela requérait l’unanimité de tous les membres de l’Assemblée nationale mais qu’il y aurait unanimité à ce stade, même si la moitié des députés du PLQ avaient voté contre le PL 52 en deuxième lecture. Par un beau sophisme, il a interprété la promesse de son chef de tenir un vote libre, comme ne s’appliquant qu’au vote en troisième lecture et non à la décision de réintroduire le PL 52 dans son état antérieur.

Il a même annoncé qu’il n’y aurait aucun amendement par rapport à la version antérieure, sauf trois modifications mineures de la version anglaise attribuables à une mauvaise traduction, et même, qu’aucun des amendements proposés par le PLQ alors qu’il était dans l’opposition et qui avaient été battus aux voix par la majorité péquiste, ne serait réintroduit. Comme les opinions changent quand on passe de l’opposition au pouvoir, et au pouvoir majoritaire!

La volte-face du PLQ de retirer le plein droit de vote selon leur conscience à tous ses députés à toutes les étapes du processus d'une loi fondamentale touchant la sécurité de la vie de milliers de citoyens, et donc de retirer la responsabilité morale de ceux qui y participent, est un cas grave d'abus d'autorité au plus haut niveau. Nous assistons probablement à un cas d'intimidation (bullying) de la part du ministre Barrette contre ses collègues qui devrait faire sonner l'alarme sur l'installation d'une culture de collusion/intimidation au sein du nouveau gouvernement. Au nom de la démocratie et de la crédibilité de nos institutions, chaque député élu qui croit que ce projet de loi contient des éléments dangereux pour les plus vulnérables de notre société, a non seulement le droit mais même le devoir, de s'y opposer à toutes les étapes de son adoption, quitte à provoquer un retour à la case départ.

Que feront maintenant tous les députés et ministres du PLQ qui avaient voté contre le PL 52 alors qu’ils étaient dans l’opposition?

Que fera madame la vice-première ministre Lise Thériault qui avait voté contre au nom de sa foi? Que fera la ministre Lucie Charlebois à qui le Dr Couillard avait publiquement confié le mandat de faire adopter rapidement le PL 52 avant de remettre le dossier au Dr Barrette? Que feront les ministres Christine St-Pierre, Kathleen Weil, Pierre Paradis, Robert Poëti, Sam Hamad, Pierre Arcand, Laurent Lessard, la whip en chef Stéphanie Billette, la présidente du caucus, Nicole Ménard, et les députés réélus Marguerite Blais, Filomena Rotiroti, Jean D’Amour, Norbert Morin, Guy Ouellette et Gerry Sklavounos, qui avaient tous voté contre le PL 52 en deuxième lecture? Se laisseront-ils museler? Se feront-ils bonne conscience de ne pas s’objecter à la réintroduction du PL 52 tout en votant contre en troisième lecture, sachant fort bien que ce geste risque de conduire à l’adoption rapide du PL 52?

Que feront les députés du PQ maintenant qu’ils sont dans l’opposition et ceux de la CAQ?

Y en aura-t-il un, un seul, pour se lever avec courage et indiquer qu’il n’y a pas unanimité pour la réintroduction de ce projet de loi mortifère?

Me Michel Racicot
Avocat, à la retraite
Ste-Thérèse, Québec

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