Attaque pro-euthanasie de tous fronts

Les activistes pro-euthanasie ont brandi leurs armes cette semaine, vraisemblablement pour tenter d’influencer les juges de la Cour suprême qui entendront la cause Carter la semaine prochaine.

Ils nous présentent d’abord un nouveau sondage qui, selon eux, démontre que la majorité des Canadiens voudraient que des médecins puissent prescrire un médicament létal aux patients en fin de vie. Ce n’est pas la première fois qu’on nous dit cela. Faut-il mentionner que la méthode utilisée pour mener ce sondage est plus que douteuse? Sur le site web où ils étaient invités à répondre à des questions biaisées en faveur de l’euthanasie, les participants se voyaient offrir une récompense. Et le tout est fondé sur la supposition que des balises existent et empêcheront les abus. Au contraire, il est de plus en plus évident, dans les pays qui ont légalisé l’euthanasie, que les balises sont inefficaces; elles ne protègent pas les personnes vulnérables.

Au fil du temps, lorsqu’une telle loi est adoptée, les dérives s’accentuent. Nous avons préparé une infographie qui illustre quelques-uns des cas connus de dérives jusqu'en décembre 2013. Depuis ce temps, la Belgique a décidé d'accorder l'euthanasie à un prisonnier qui a préféré mourir plutôt que de purger sa peine à perpétuité; les Pays-Bas ont publié un rapport indiquant que 42 personnes atteintes d’une maladie psychiatrique non terminale ont été euthanasiées, et qu’un couple de personnes âgées a annoncé qu'il allait utiliser l'aide au suicide; les deux conjoints veulent mourir ensemble, craignant une éventuelle solitude au moment de la mort du premier.

On nous rapporte, par ailleurs, que la députée Véronique Hivon, la « mère de la loi ‘mourir dans la dignité’», veut élargir le débat au-delà de ce qui est permis par la nouvelle loi. Selon elle, les personnes handicapées qui ne sont pas en fin de vie devraient aussi avoir accès à l’euthanasie. Il est clair que la nouvelle loi sur les soins de fin de vie n’est pour elle que la première étape d’un processus qui vise une extension de la loi permettant d’offrir la mort médicale à beaucoup d’autres personnes. Ce nouveau développement illustre bien que nous avions raison d’invoquer ce risque.

On nous présente enfin l’histoire d’un homme tétraplégique qui s’est suicidé en arrêtant de s’alimenter. Nous sommes attristés par sa mort. Selon l’article paru dans La Presse, il a été capable de retourner à la gestion de son entreprise après l’accident qui l’a paralysé; toutefois, il a par la suite souffert de plaies de lit et ne pouvait plus sortir. On peut se demander ce qu’on aurait pu faire pour empêcher les plaies ou pour les traiter – mais de toute façon son droit de refuser la nutrition et l’hydratation est protégé par la loi depuis longtemps. Cette histoire n’a aucun rapport avec le débat actuel. Alors pourquoi la publier aujourd’hui, plus de trois semaines après son décès? S’agirait-il d’une recherche d’effet médiatique, une semaine avant l’audition dans l’affaire Carter?

Il existe une éthique journalistique comme il existe une éthique dans toute profession. Et l’on sait que les mentalités et les attitudes des citoyens sont forgées par le dialogue social et la couverture médiatique. Or, les médias semblent avoir très largement pris le parti du suicide assisté et de l'euthanasie. La série de la CBC, « Last Rights », diffusée l'année dernière n’est qu’un exemple parmi d’autres : elle a accordé moins de six minutes de temps d'antenne aux opposants à l'aide au suicide et à l'euthanasie, tout en donnant 121 minutes aux partisans de l'euthanasie.

Tous les jours, les médias nous rapportent des résultats de sondages. Encore faut-il savoir les considérer avec circonspection. On sait que 63 % des Canadiens appuient la peine de mort, mais on ne la réintroduit pas à cause du risque trop élevé de tuer un innocent par erreur. Il en va de même avec l’euthanasie. L’État a le devoir de protéger tous les citoyens. Les professionnels de la santé ont le devoir de les soigner. Les médias ont le devoir de la prudence : on ne peut pas risquer des vies pour avoir une belle manchette.

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