Le réseau citoyen Vivre dans la Dignité se réjouit des recommandations émises par le Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir (AMAD) dans son rapport publié hier après-midi. Les travaux du comité ont permis de statuer clairement que « le système de santé au Canada n’est pas prêt pour l’aide médicale à mourir lorsque le trouble mental est le seul problème médical (AMM TM-SPMI) ». Nous saluons la décision du gouvernement fédéral d’accepter la recommandation d’un report et de légiférer rapidement afin que l’AMM pour trouble mental ne soit pas une avenue possible le 17 mars prochain. Bien qu’essentiel dans les circonstances, un simple report apparaît comme une solution bien temporaire. Les enjeux soulevés par le rapport du comité devraient mener au retrait complet de ce nouvel accès à l’aide médicale à mourir envisagé au pays.
Une décision courageuse et nécessaire
Il ne faut pas sous-estimer le courage politique d’oser reporter pour une seconde fois la fin projetée de l’exclusion du trouble mental comme critère d’admissibilité à l’AMM. À cet effet, nous tenons à remercier MM. Mark Holland, ministre de la Santé et Arif Virani, ministre de la Justice, pour leur décision rapide exprimée hier en point de presse. Les recommandations du comité AMAD ont fait l’objet de discussions transpartisanes à gauche et à droite de l’échiquier politique, ce qui a permis aux députés libéraux, conservateurs, néo-démocrates et bloquistes d’appuyer ses conclusions (avec des opinions complémentaires pour le Parti conservateur et le Bloc Québécois, à la fin du rapport). Les avis dissidents exprimés exclusivement de la part de membres du Sénat canadien annoncent que les débats sur la pertinence de ce report ne manqueront pas au cours des prochaines semaines, Nous sommes convaincus que le comité AMAD coprésidé par le député libéral René Arseneault et la sénatrice conservatrice Yonah Martin a fait le bon choix en exprimant leurs nombreuses préoccupations pavant la voie au report de l’AMM TM-SPMI, notamment les défis entourant :
– l’évaluation de l’irrémédiabilité;
– les demandes d’aide médicale à mourir et idées suicidaires;
– l’absence de consensus parmi les professionnels;
– la protection des personnes vulnérables.
Le réseau citoyen Vivre dans la Dignité est fier d’avoir participé aux travaux du comité AMAD en soumettant l’un des 408 mémoires en ligne sur le site de la consultation (le nôtre est en ligne depuis le 25 janvier). Parmi tous ces mémoires, celui du Dr K. Sonu Gaind (chef du département de psychiatrie au Sunnybrook Health Centre) mérite particulièrement l’attention car son témoignage a été repris plusieurs fois dans les pages du rapport du comité (avec raison!). Ce passage se révèle particulièrement criant de vérité :
« Il serait discriminatoire d’administrer l’AMM sous prétexte qu’il s’agit d’un problème de santé irrémédiable, alors qu’en fait, les Canadiens marginalisés atteints d’une maladie mentale, qui pourraient améliorer leur état, recevront plutôt l’AMM pendant des périodes alimentées par le désespoir et la souffrance sociale. »
La vigilance sera de mise au cours des prochaines semaines afin de s’assurer que les recommandations du comité AMAD soient bien mises en application. La possibilité de repousser l’élargissement de l’accès à l’AMM TM-SPMI après les prochaines élections fédérales permettrait d’avoir un très souhaitable débat de fond sur l’aide médicale à mourir et les élargissements de son accès au Canada.
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Jasmin Lemieux-Lefebvre
Coordonnateur
Réseau citoyen Vivre dans la Dignité
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JAN
2024