Rappels aux médecins du Québec pratiquant l’AMM – La Commission sur les soins de fin de vie se devait d’agir 

Une intervention à saluer qui lève le voile sur d'importantes problématiques

La Commission sur les soins de fin de vie a procédé ces derniers jours à une série de rappels envers les centaines de médecins québécois pratiquant l’aide médicale à mourir. Cette information provient du travail des journalistes Davide Gentile et Daniel Boily dans un texte publié samedi par Radio-Canada information. Le réseau citoyen Vivre dans la Dignité salue cette intervention de la Commission sur les soins de fin de vie et de son président, le Dr Michel Bureau. Vivre dans la Dignité invite les décideurs politiques à soutenir les rappels exprimés qui font état de problématiques importantes à prendre très au sérieux.


Ces rappels abordent trois thèmes contenus dans ces extraits (entre guillemets) du courriel envoyé par la Commission sur les soins de fin de vie:

1) Non-conformité d’un nombre grandissant d’aide médicale à mourir

« …un nombre plus grand d’AMM administrées à la limite des conditions imposées par la loi concernant les soins de fin de vie et un nombre plus grand d’AMM administrées non conformes »;


2) L’importance de l’avis d’un second médecin et le magasinage d’un avis favorable


« …l’avis d’un second médecin indépendant confirmant l’admissibilité de l’AMM n’est pas qu’une formalité, il doit être critique et contemporain à la demande d’AMM »;

« …le magasinage pour trouver un deuxième avis favorable n’est pas une pratique acceptable.»;


3) Le vieillissement n’est pas un critère d’admissibilité à l’AMM


« l’âge avancé et les problèmes liés au vieillissement ne constituent pas une maladie grave et incurable et ne justifient pas l’AMM ».


Les observations de Vivre dans la Dignité

Par Jasmin Lemieux-Lefebvre, coordonnateur du réseau citoyen québécois:

Ces avertissements confirment les informations que nous recevons sur le terrain. Pour éviter des refus, des personnes faisant une demande d’aide médicale à mourir peuvent être tentées de se tourner vers des prestataires d’aide médicale à mourir qui ont une vision plus large de l’accès à l’aide médicale à mourir. Le magasinage d’un second avis favorable parmi les médecins est aussi une problématique connue au pays. Dans son essai No other options (Pas d’autres options) publié dans The New Atlantis l’hiver dernier, le journaliste Alexander Raikin approfondit le sujet dans la section Easy to die (Facile de mourir). Lors d’un colloque de l’Association canadienne des évaluateurs et prestataires de l’AMM, il a été dit que « vous pouvez demander à autant de cliniciens que vous le souhaitez ou dont vous avez besoin » (you can ask as many clinicians as you want or need) et qu’« un désaccord ne signifie pas que vous devez arrêter » (disagreement doesn’t mean you must stop).


Il faut aussi savoir que ces rappels se déroulent alors que la situation est probablement plus grave que celle décrite par la Commission sur les soins de fin de vie qui refuse d’y voir pour l’instant des dérives. L’article scientifique Les réalités de l’aide médicale à mourir au Canada (The realities of Medical Assistance in Dying in Canada), publié par Cambridge Press cet été aborde la question de la collecte déficiente des données sur l’AMM au pays:


Les données sont obtenues auprès des prestataires de l’AMM par le biais de l’auto-déclaration. Il n’existe aucun mécanisme permettant d’identifier ou de découvrir objectivement, prospectivement ou rétroactivement les erreurs ou les abus du processus. (…) Les prestataires de l’AMM qui remplissent les formulaires savent que tout écart par rapport aux critères clés peut donner lieu à des poursuites pénales, ce qui rend peu probable l’auto-déclaration d’une erreur ou d’un écart. (voir la section Inadequate data collection de l’article de Ramona Coelho, John Maher, K. Sonu Gaind et Trudo Lemmens).


Alors que l’accès à l’aide médicale à mourir au Québec sera accessible le 7 mars 2024 aux personnes vivant avec une déficience physique grave (terme retenu par la Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d’autres dispositions législatives et suggéré par un groupe d’experts sur le handicap) et imposé à toutes les maisons de soins palliatifs dès le 7 décembre prochain, les révélations de la Commission sur les soins de fin de vie doivent mener à des actions concrètes pour éviter les dérives à prévoir.

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Contact médias:
Jasmin Lemieux-Lefebvre
Coordonnateur
Réseau citoyen Vivre dans la Dignité
directionVDD@gmail.com
438 931-1233



En complément:


Sur un autre sujet, nous sommes heureux de vous informer que Jimmy-James Pien-Grégoire, le jeune Innu vivant avec une amyotrophie spinale de type 3, a annulé sa demande d’aide médicale à mourir qu’il devait recevoir le jour de ses 22 ans, le 24 juillet dernier. Nous souhaitons qu’il puisse chérir longtemps sa décision en obtenant facilement toute l’aide médicale à vivre dont il a besoin.

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