Derrière l’euthanasie: la détresse existentielle

Une étude canadienne s'est récemment penchée sur les raisons derrière les cas d'euthanasie répertoriés dans quatre grands hôpitaux de la région de Toronto.

Les résultats de l'étude démontrent que le principal facteur derrière les décès par euthanasie se rapportait à la détresse existentielle. En effet, la première raison évoquée par les patients concernait la perte d'autonomie - et non pas la douleur insupportable qu'on nous vend à bon marché depuis le début. Les autres raisons incluaient la peur de devenir un fardeau pour son entourage, la peur de perdre sa dignité ou encore le fait de ne plus apprécier leur vie.

Ainsi, la tendance canadienne qui se dessine continue donc un portrait bien connu ailleurs dans le monde, dans lequel les mêmes motifs sont évoqués pour avoir recours au suicide assisté. Cette tendance confirme également ce que nous savions déjà: l'euthanasie est avant tout une question du rapport que nous avons avec les autres et du regard que la société porte sur les personnes vulnérables. Par ailleurs, quand la perte d'autonomie est évoquée comme une indignité qui mérite la mort, nous devrions avant tout y voir un jugement social mesquin qui porte atteinte à toutes les personnes qui souffrent d'un handicap ou d'une maladie grave. Et nous avons le devoir de combattre ce verdict pernicieux et intolérable.

D'ailleurs, le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins, a récemment publié une lettre dans laquelle il faisait part de ses inquiétudes devant l'émergence « d'un discours réclamant une forme de mort à la carte ». Entre autres, il s'insurge contre les leaders d’opinion et les chroniqueurs médiatiques qui dénoncent les refus d’euthanasie comme une forme d'exclusion en posant une question cruciale sur la suite logique des événements: « Pourquoi et jusqu’où instaurer de nouvelles balises alors que, quels que soient les critères d’accès à l’AMM, il y aura toujours, par définition, des exclus » ?

Effectivement, il s'agit là de la logique inhérente à toutes les lois sur l'euthanasie puisqu'elles vendent la mort provoquée comme un bienfait, comme une réponse adéquate à la souffrance. Et devant ce véritable fléau idéologique, nous devons continuer de promouvoir une vision bienveillante et inclusive qui valorise les personnes rendues vulnérables par la maladie, la vieillesse ou le handicap, en donnant à ces personnes les moyens de vivre avec dignité et d'être accompagnées et soulagées jusqu'à leur dernier souffle.

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