Désir de vivre, et belle fin de vie

Mon frère Léon était atteint d’un cancer du côlon, en phase terminale, il demandait au Bon Dieu encore 5 ans. Je lui ai demandé : « Dans l’état où tu es, un sac pour l’urine et un autre pour les intestins, de la difficulté à te déplacer, tu habites chez ton fils; n’es tu pas fatigué de la situation dans laquelle tu te trouves? »  Et non, il aimait la vie, il aimait ses enfants, espérait voir ses petits enfants. Il s’est battu pour conserver sa vie le plus longtemps possible. Il refusait la médication qui aurait pu atténuer ses souffrances parce qu’il voulait être conscient de ce qui se passait autour de lui et partager avec ses frères et sœurs, avec maman, écouter sa musique... Il aurait aimé avoir encore 5 ans de vie dans l’état ou il se trouvait.

Son dernier Noël, il avait demandé à son fils ainé de l’apporter à l’hôpital de Ste-Agathe pour voir son ami le Dr Giard (c’est ce médecin qui a découvert son cancer). Il a demandé à son ami Giard de l’opérer, de lui poser un sac pour les intestins. Il a dit au médecin : « il me semble que si je pouvais éliminer mes selles, je pourrais manger et ainsi vivre plus longtemps ». Le médecin n’a pas pu lui refuser sa demande, tout en sachant qu’il avait atteint le terme de sa maladie. Il l’a quand même opéré le soir même de Noël parce que son espoir était si grand qu’il ne pouvait pas lui refuser. Léon est décédé quelques semaines plus tard, à la fin janvier à ses 49 ans.

Maman était atteinte d’un cancer du poumon, elle demandait 7 ans au Bon Dieu... En fin de vie, elle habitait chez ma sœur Diane. Nous avons utilisé les soins palliatifs à la maison. Tout s’est très bien passé. Nous sommes 6 filles et nous nous sommes partagé les soins pour maman. Nous avons vécu tous ensemble la plus belle histoire de fin de vie. Nous n’en gardons que de beaux et bons souvenirs. Le médecin et les infirmières lui ont donné d’excellents services et nous ont soutenus et informé pour qu’elle soit confortable et qu’elle ne souffre pas inutilement.

Maman avait peur de mourir seule; lorsqu’elle est entrée en phase terminale, ma sœur Diane à convoqué toute la famille (nous étions 12 mais Léon en moins, 11) les beaux-frères et belles-sœurs, mes enfants ont été dans les écoles chercher leurs cousins et cousines, tout le monde était présents le frère et les sœurs de maman aussi. Elle n’était pas seule... La maison était pleine. Ce qui m’a touché aussi c’est qu’il y avait une rotation normale qui se faisait à son chevet. Certains écoutaient la télé, d’autres jasaient dans la cuisine, les petits-enfants, les arrières petits-enfants aussi faisaient la veille. C’était étrange, mais merveilleux. L’affection qu’il y avait dans l’air, le respect, la dignité. Maman s’est éteinte tout doucement, nous lui avons chanté sa chanson préférée, avons fait des prières. Nous avons appelé le médecin qui est venu constater le décès, lui avons demandé combien de temps on pouvait la garder avec nous. Elle est décédée un matin de novembre. Nous l’avons gardée jusqu’en début de soirée. Pendant ce temps, nous avons fait tous les préparatifs. Les sœurs ensemble nous avons choisi ses vêtements, ses bijoux et tout ça dans sa chambre avec elle dans son lit. C’était comme la préparer pour son dernier voyage. On lui a parlé, on l’a bécoté, on l’a pleuré, fait des câlins. Lorsque tout a été prêt et nous aussi, j’ai téléphoné à la maison funéraire pour qu’ils viennent la chercher...

Voilà une partie de l’histoire de ma famille.

Lynda Lavoie

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