Suite à la légalisation de la LOI 52, Loi concernant les soins de fin de vie qui VISE À LÉGALISER L’EUTHANASIE AU QUÉBEC en la déguisant en « aide médicale à mourir », j’aimerais vous témoigner de ce que j’ai vécu l’hiver et le printemps dernier en côtoyant les hôpitaux, non plus juste à titre de professionnelle de la santé (je suis ergothérapeute travaillant auprès d’une clientèle âgée en réadaptation), mais aussi en tant qu’usager, étant moi-même en investigation médicale et accompagnant mes parents, dont mon père qui est décédé aux soins palliatifs du C.H. Cloutier-du-Rivage, le 14 mai 2014 à l’âge de 72 ans en raison d’une tumeur au cerveau.
Ayant d’abord côtoyé, à l’annonce du diagnostic, l’unité de neurologie qui est située au 2e étage du CHRTR, tout près de la pédiatrie et de l’unité mère-enfant, j’ai été en mesure de constater toute la beauté de la vie allant de la joie de l’enfantement jusqu’au partage des bons et moins bons moments d’une vie qui cherche toujours à s’épanouir de plus en plus, jusqu’à pouvoir enfin goûter la plénitude « pleine et entière » d’un amour partagé jusqu’au bout et même au-delà de la mort.
Que d’émerveillement dans le regard de ce nouveau papa qui me témoignait combien il était époustouflé devant le travail d’une maman qui accouche de même que devant le travail des médecins qui les accompagnent jour après jour à donner la vie! Que d’inquiétudes dans le regard d’un père et de son épouse en attente d’un diagnostic, mais qui somme toute veulent garder confiance! Que de questionnements à la tombée du diagnostic, et que de craintes de devenir un poids pour les autres! Or, j’ai constaté aussi tous les liens qui se sont tissés (entre les patients, entre les patients et les professionnels) ou qui se sont resserrés (entre les membres de la famille) et qui nous ont fait sentir combien l’être humain à du prix aux yeux des autres et combien il est important qu’il le sache, ce qui l’arme pour affronter tous les défis de la vie qui va aussi parfois vers le défi ultime qu’est la fin de la vie…
J’ai compris encore plus profondément la valeur d’une vie humaine et l’importance de l’accompagnement (tant pour l’accompagné que l’accompagnant) qui nous enrichit mutuellement intérieurement. J’ai toujours dit que ce qui était le plus important dans ma vie, c’était ma famille et je le confirme à nouveau avec force : on a beau avoir toutes les richesses de la terre, la famille est le seul trésor qui nous suit au ciel.
Si le projet de loi qui vise à légaliser l’euthanasie se concrétise sous prétexte de respecter la volonté et la dignité de la personne, laissez-moi vous dire que le désir de mourir émis par la personne malade est beaucoup plus en raison des différentes craintes (de souffrir, d’être un poids, …) qu’elle expérimente qu’en raison d’un véritable désir de mourir, car l’être humain aspire à la vie et à la vie en plénitude. Confrontée à ses limites, la personne en vient souvent à penser qu’elle ne vaut plus rien et se ferme à la vie qui est une relation d’amour partagée, l’amenant même souvent à des symptômes dépressifs.
Or, c’est là que nous devons intervenir : accompagner les gens vers la vie, vers cet échange d’amour qui nous font voir combien nous avons du prix les uns pour les autres, qui nous font goûter le vrai bonheur, et accepter la mort naturelle dans l’espérance de se revoir un jour. Pour le professionnel de la santé, c’est considéré l’être humain dans toutes ses dimensions : bio-psycho-sociales et spirituelles. Pour le professionnel de la santé comme pour la famille et les amis, c’est aussi l’accompagner à faire un bilan de vie positif qui lui font voir que malgré les hauts et les bas de la vie, malgré les succès et les échecs, la vie s’est épanouie; que malgré les pertes apparentes vécues, quelque chose de plus profond s’est construit petit à petit, faisant découvrir à la personne combien elle a du prix et combien sa présence touche la vie de société : même un maillon faible permet à une chaîne de se tenir dans un morceau, et que c’est en présence de ce maillon faible qu’une société reste humaine, humanisante et humanisée, car il nous pousse à sortir de notre zone de confort pour lui prêter main forte (donc épanouit notre vie) et de notre égoïsme (qui nous replie sur nous-même) nous ouvrant ainsi à la vie qu’est cet échange d’amour confiant, remplit de force et de courage qui nous permet d’affronter toutes les étapes de la vie avec sérénité et dignité : c’est cela vivre et mourir dans la dignité.
Mon père a eu la chance d’être admis au bon moment à l’unité des soins palliatifs où il a passé les 5 dernières semaines de sa vie terrestre au côté de son épouse (ma mère) qui a pu demeurer 24/24 heures à ses côtés, jusqu’à son dernier souffle qui s’est fait avec douceur, à l’image des soins et de l’amour qu’il a reçu durant cette période. Il a été entouré de ses parents et amis, et de professionnels attentionnés, bien formés, prodiguant des soins adaptés à la situation et offrant aussi support à la famille, tous deux soucieux de prodigués des soins de confort respectueux de la dignité de la personne et de minimiser les souffrances sur tous les plans (physiques, psychologiques et spirituelles).
Ainsi pour moi, les membres d’une famille, les professionnels de la santé, ne peuvent être en accord, pour le bien commun de la société, avec un tel projet de loi, car il vient directement miner la confiance fondamentale qui doit régner dans une société démocratique et qui doit protéger les plus vulnérables. De la conception à l’âge avancé, que ce soit auprès de personnes en santé, malades ou handicapées, soulageons les misères tant physiques, mentales, socio-économiques que spirituelles et bâtissons une « Culture de la vie »!
Je vous exhorte donc à élever votre voix contre la mise en œuvre de ce projet de Loi. L’heure de la banalisation est passée, interpelez profondément votre conscience en l’ouvrant à la vie en plénitude, ne vous fiez pas aux apparences…
Bien à vous!
Maryse Cantin
AUG
2014