Les mauvaises questions donnent de mauvaises réponses

Alors que s’achèvent les derniers soubresauts de l’été, de nombreux indices laissent présager que l’automne sera chaud au regard des enjeux à venir concernant la question de l’euthanasie au Québec.

Ainsi, le mois d’août s’est conclu avec l’ouverture officielle du dossier déposé en Cour supérieure, dans lequel deux personnes vivant avec un handicap contestent les lois fédérale et provinciale pour en faire éliminer le critère de « fin de vie » et celui de « mort naturelle raisonnablement prévisible ».

Lors de cette première rencontre, Vivre dans la Dignité et le Collectif des médecins contre l’euthanasie ont fait part au tribunal de leur intention de déposer une demande officielle pour faire partie de la liste des intervenants dans la cause. Si leur demande est acceptée, les deux organismes pourront faire bénéficier la Cour de leur expertise sur les enjeux éthiques, médicaux et sociaux entourant l’euthanasie et le suicide assisté, avec l’objectif de s'opposer à l’élargissement des critères de la loi.

Par ailleurs, cette demande pour étendre les lois québécoise et canadienne s’inscrit en parfaite continuité avec les tendances observées dans le monde. En effet, nous pouvons constater que la logique même de l’euthanasie engendre inévitablement des demandes continues d’élargissement. C’est ainsi que, comme c’est déjà le cas aux Pays-Bas où un projet de loi a été déposé à cet effet, la Belgique commence à s’interroger sur la possibilité d’étendre l’euthanasie aux personnes qui ont « le sentiment d’avoir accompli leur vie ».

Ainsi donc, voilà où aboutissent – pour l’instant – les extensions successives des lois qui ouvrent la porte à la mort sur demande. Avec le temps, les « mesures exceptionnelles pour des cas exceptionnels » finissent par être offertes à des personnes en santé qui n’ont comme seul « tort » d’être tout simplement âgées. Pendant ce temps, les statistiques explosent les prévisions, les abus s’accumulent, et les « balises de protection » s’effondrent une après l’autre – déjà, une pression s’exerce pour « simplifier la paperasse et alléger l'obligation de rechercher une deuxième opinion d'un médecin objectif et indépendant ».

Et tandis que les regards sont obnubilés par la mort comme solution médicale à la souffrance, pendant que des doigts accusateurs pointent les personnes qui refusent d’y voir un geste de compassion légitime, la société toute entière passe à côté de nombreuses questions pourtant essentielles.

Au lieu de se demander pourquoi refuser la mort à une personne qui souffre, ne serait-il pas plus beau et plus respectueux de se demander pour quelles raisons cette personne en est venue à vouloir mourir? Au lieu d’aider les gens à se tuer, ne devrait-on pas se demander où est-ce que la société a échoué pour ne pas être capable de les accompagner convenablement?

Devant la souffrance des gens, notre souci le plus urgent ne devrait-il pas être de se demander ce que nous pourrions faire pour que chaque personne se sente désirée, que chacun ait accès à tous les bons soins disponibles de nos jours et que tout le monde puisse prendre part à la vie collective, peu importe sa condition physique?

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