Lettre adressée aux députés du Gouvernement Provincial, région de Québec.

Un projet de loi a été déposé le 12 juin dernier par le Gouvernement Marois. Il s’agit de la Loi 52 qui concerne les soins de fin de vie. Si cette loi est adoptée, elle fera de « l’aide médicale à mourir » un « soin de santé » et un « droit » au Québec.

L’expression « aide médicale à mourir » est un euphémisme pour parler d’euthanasie. L’adoption de cette Loi serait une porte ouverte à l’euthanasie.

Je crois fermement au droit fondamental qu’a tout être humain à la vie. J’en appelle à mon expérience d’infirmière soignante pendant plus de 45 ans et de bénévole, accompagnant des grands malades et des mourants, depuis 15 ans.

Les grands malades sont dans une situation de totale dépendance face au personnel soignant. Ils se sentent souvent un poids et souffrent intérieurement de faire peser sur leur entourage la lourdeur de ce qu’exigent leurs soins. Ils comptent bien être respectés dans leur désir profond de vivre et d’être soulagés de leurs douleurs et de leur inconfort, sans toutefois désirer la mort.
Mais il ne faut absolument pas augmenter leur souffrance morale par la peur que le personnel soignant ait hâte qu’ils meurent et devancent ce moment. J’en ai connu plus qu’un qui était résistant à recevoir les calmants auxquels ils avaient droit, craignant que ce soit la piqûre de la mort …

Ma conviction ferme c’est que la vie est un bien absolu que personne, absolument aucun être humain n’a le droit de supprimer

L’approche palliative a fait ses preuves et démontré que même les patients qui réclamaient l’euthanasie, s’ils sont soulagés de leur souffrance et de leur inconfort variés, s’ils sont supportés, aimés et apaisés dans leur situation pénible, acceptent de vivre jusqu’au terme de leur vie.
Mais c’est bien sûr que cette approche, selon ses différentes modalités de réalisation, est encore insuffisante et doit être grandement facilitée.

Je demande au présent Gouvernement de continuer à assumer son rôle de protection du public et de toute vie humaine. Surtout qu’il mette en œuvre et favorise les moyens efficaces pour appuyer les médecins dans leur quête d’une médecine palliative de qualité beaucoup plus accessible, afin de permettre aux patients en fin de vie d’être adéquatement soignés.

Cet avis est partagé par toutes mes consoeurs qui ont voué leur vie à soulager la souffrance des malades et à les accompagner dignement dans leur fin de vie.

Sœur Gilberte Moreau
Augustine de la Miséricorde de Jésus de l’Hôtel-Dieu de Québec,
Communauté soignante au Québec depuis 1639.

18 août 2013

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