Euthanasie : les risques d’une judiciarisation excessive et le rôle central des médecins

EXTRAITS du Journal Le Monde:
" L'humble praticien que je suis éprouve quelque scrupule à devoir nuancer les propos d'un confrère aussi éminent et respecté que le professeur Sicard pour rappeler que les médecins ne sont pas seulement "exécutants du soin", mais qu'ils en sont les maîtres d'œuvre. C'est cela qui les distingue de simples "techniciens de santé", chargés d'appliquer des "protocoles" préétablis ou les prescriptions des autres. Le délicat arbitrage entre le désir de guérir et le souci de ne pas nuire, entre la volonté de soulager la souffrance et le devoir de préserver la vie, entre le respect de la liberté du malade et la prévention de l'irréparable est, en deçà même du contexte douloureux des derniers instants, au cœur de chaque acte médical ; il est, entre science et humanité, l'essence de ce métier, il en fait la difficulté et la grandeur."


" La judiciarisation croissante du champ médical, l'intrusion de plus en plus fréquente de tiers délibérant ou jugeant dans la relation de soin, la prolifération des normes, des procédures ne sont pas source d'apaisement et ajoutent au contraire à des situations éprouvantes par nature la nécessaire complexité de leur mise en œuvre. Elles conduisent patients, médecins et familles à des anticipations anxiogènes et culpabilisantes, elles les enferment dans des positions de principe qui, paradoxalement, entravent leur liberté. La première n'est-elle pas celle de changer d'avis ? Quel crédit accorder alors aux "volontés" exprimées préventivement lorsque l'intéressé n'est plus en état de les valider hic et nunc ? Chaque minute offerte à l'irréversibilité de la mort est arrachée à la liberté de l'homme."
Pierre Elzière, médecin généraliste
Lire le texte intégral: http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/26

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