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Depuis le 19 septembre dernier, Radio-Canada a mis en ligne sur ses plateformes Ohdio un balado abordant les 10 ans de l’aide médicale à mourir au Québec.

Nous vous recommandons vivement l’écoute des 4 épisodes (près de 45 min. chacun). Si le temps vous manque, concentrez-vous sur la 4^e partie qui aborde avec brio la question des pentes glissantes liées à l’AMM. Quatre angles de l’AMM sont explorés : sa popularité grandissante, ses élargissements à de nouvelles catégories, l’aspect de la nouvelle mode (meilleure façon de mourir) et la question économique.

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/11803/la-mort-libre

Cette série balado ne remet pas en question l’accès à l’aide médicale à mourir, mais l’ambivalence du journaliste Alain Gravel sur le geste fait en sorte que l’on a droit à un portrait journalistique de grande qualité.

Comme la réalisation d’Alexandre Sheldon rend la série fort agréable, nous vous invitons à l’écouter avant de prendre connaissance des 10 faits saillants et des compléments d’information ci-dessous.

Nous encourageons l’écoute complète des extraits pour bien saisir leur contexte.

Épisode 1 (à 8 :17)
1- Propos d’Antoine Bédard, compositeur de la musique du balado et auteur du livre Mettre la mort à l’agenda : « Mon père ne voulait pas mourir, il voulait arrêter de souffrir ».

Épisode 1 (à 12 :12)
2- Les mots rapportés d’un neurochirurgien à l’endroit de Françoise Gillot, dont le processus d’AMM est documenté dans l’épisode 1 :  « Moi je touche pas à ça (…) si j’opère, il n’y a pas 50 choix, ou vous restez sur la table, ou vous êtes dans la chaise roulante comme un légume jusqu’à la fin de vos jours ».

Épisode 1 (à 42 :08)
3- La réaction du journaliste Alain Gravel après l’AMM de Mme Gillot. Elle «  a beau être partie tout en douceur, ça reste que pour moi, c’est tellement expéditif et rapide. Fret net sec ».

Épisode 1 (à 47 :18)
4- Les propos de Manuelle Légaré au sujet de l’AMM de son père, l’humoriste Pierre Légaré : «  Il y a comme un immense décalage entre l’immensité de perdre son père, le premier homme de ma vie, et la banalité de ce moment-là qui n’est pas à sa hauteur ».

Épisode 2 (à 4 :25)
5- Les propos du Dr David Lussier, au sujet de sa peur associée au sentiment de puissance et d’émotion vécu par le ou la prestataire d’AMM: «  Quelqu’un pourrait devenir dépendant de cette émotion là et de ce high d’émotions que l’on reçoit ».

Épisode 2 (à 35 :45)
6- Les propos du Dr Laurent Boisvert , sur la subjectivité liée à l’application de la loi :« Les lois parlent de déclin, mais ça le déclin on peut se lancer dans une longue discussion. Comment ça se définit le déclin? Je me le suis fait reprocher par des membres de la Commission des soins de fin de vie. (…) Qui définit c’est quoi le déclin? Y a que la personne (concernée) qui sait si c’est un déclin ou c’en n’est pas un. ».

Épisode 4 (à 8:52, 26:37 et 37:16)
7- Les interventions de la Dre Catherine Ferrier, présidente du Collectif des médecins contre l’euthanasie et membre du conseil d’administration de VDD, dont celle-ci : « Dans la médecine, on peut tout faire pour essayer pas seulement de guérir quelqu’un, mais de le soulager. Y avait une ligne claire qui disait on peut soulager mais on ne peut pas délibérément mettre fin à la vie d’une personne. Moi j’ai trouvé et je trouve encore que cette ligne était très, très utile pour nous protéger des excès ».

Épisode 4 (à 28 :27et à 34 :22)
8- Pr Brian Mishara, chercheur en psychologie à l’UQAM (Centre CRISE) et spécialiste de la prévention du suicide, favorable à l’AMM mais qui s’oppose à l’élargissement pour troubles mentaux et se questionne sur les demandes anticipées d’AMM : « Le problème avec l’Alzheimer : on peut dire maintenant, si je suis tellement confus, je ne voudrais pas vivre, mais ça veut pas dire que rendu dans cet état on va souffrir! ».

Épisode 4 (à 40 :11, à 55 :49)
9- Dre Michèle Marchand, médecin et éthicienne, qui conçoit l’AMM uniquement comme un soin de dernier recours: « Oui c’est une mode : que la meilleure façon de mourir, c’est par euthanasie. C’est en train de devenir une mode. Je trouve ça effrayant. »

Épisode 4 (à 48 :27)
10- Mme Hélène Bolduc, fondatrice de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité. Selon elle, l’AMM finira par faire partie du calcul comptable de la fin de vie au Québec : « On ne pourra pas offrir à tout le monde les derniers traitements qui coûtent très chers. (…) Qu’est-ce qui est – je ne dirais pas rentable – qu’est-ce qui est le plus humain? Aider mon mari qui fait déjà de l’Alzheimer ou bien essayer de trouver de l’argent pour une quinzaine ou une vingtaine de familles qui sont dans la rue?

Bien d’autres faits saillants auraient pu être partagés, dont le récit de l’animatrice Pénélope McQuade sur la fin de vie de sa maman (épisode 4) et l’objection ferme de l’ancien premier ministre québécois Philippe Couillard à l’élargissement de l’AMM pour troubles mentaux (épisode 4).

La série balado donne bien sûr la parole à plusieurs personnes qui ne partagent pas notre point de vue et qui sont convaincues que le modèle québécois (et canadien) d’aide médicale à mourir constitue, depuis 10 ans, avancée sociale.

En guise de réponse, voici des ressources pour approfondir quelques thèmes abordés dans le balado.

a) Sur l’idée unique au monde que l’aide médicale à mourir serait un soin :
Donner la mort peut-il être considéré comme un soin. Un avis éthique (16 février 2023) signé par 13 organisations représentant 800 000 soignants français

b) Sur les étapes qui ont mené à l’aide médicale à mourir au Canada (un regard historique beaucoup plus critique que celui de l’épisode 3 du balado) :
La résistance à l’AMM au Canada / MAID Resistance in Canada

La préface en anglais du dossier de l’Association canadienne d’études sur le handicap (août 2023) par Catherine Frazee, professeure émérite à l’Université métropolitaine de Toronto, École d’études sur le handicap.

Ce survol historique permet de bien comprendre la contestation en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés contre le volet 2 de la loi sur l’aide médicale à mourir, annoncée le 26 septembre dernier par une Coalition d’organismes de défense des personnes en situation de handicap.

c) Sur les nombreuses problématiques associées au modèle d’AMM canadien : Better Off Dead.

Le documentaire choc de l’actrice anglaise bien connue Liz Carr (en anglais, disponible sur YouTube) produit par la BBC.

d) Sur de nombreux angles morts à ne pas oublier :
10 questions pour souligner les 10 ans de la Loi concernant les soins de fin de vie au Québec.

Ce communiqué de presse était diffusé par notre réseau citoyen le 5 juin dernier, à l’occasion du 10^e anniversaire de l’adoption de la Loi.

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La série La mort libre sera également diffusée à la radio, sur toutes les antennes d’ICI PREMIÈRE, les samedis 12, 19, 26 octobre et 2 novembre, à 13 h.

L’émission Tout le monde en parle du 29 septembre invite Alain Gravel, animateur du balado La mort libre, ainsi que Dr Laurent Boisvert et Pénélope McQuade, qui y témoignent.