Message d’une grand-mère qui aurait aimé vivre cinquante ans de vie maritale

Février 1999 : Mon mari a un diagnostique de cancer limphatique des bronches au poumon droit. Avec des traitements de chimio, possibilité de quelques années, sans chimio de 2 à 3 semaines. Cette nouvelle nous est donnée subito, presto sans que nous soyons préparés.

Il s’ensuit des peurs, pleurs et inquiétudes. Nous allons voir notre médecin de famille qui essaie de parler au chirurgien, mais aucune possibilité de le rejoindre. Lorsqu’elle appelle le matin, on lui dit qu’il sera au bureau l’après-midi seulement et lorsqu’elle appelle l’après-midi, on lui dit qu’il était au bureau le matin. Quelle désolation pour nous!

Tout compte fait, il entreprend ses traitements de chimio qui consistent à 12 ou 13 traitements de cinq jours consécutifs toutes les deux semaines.

Nous partions de l’ouest de l’ile pour nous diriger à l’hôpital Général de Montréal cinq jours tous les quinze jours.

Sa qualité de vie était quand même bonne, quoique l’inquiétude était toujours présente. Nous savions aussi que lorsqu’un membre de la famille est malade, c’est toute la famille qui en est malade. Loin de nous, l’idée de le faire mourir, car nous avions toujours l’espoir de la guérison. La foi nous aidait à avoir confiance et à passer au travers de cette dure épreuve.

Ayant eu, moi-même, deux cancers, je suis encore très vivante et très impliquée bénévolement dans la communauté. Imaginez si l’on avait pensé à l’euthanasie, dans mon cas…

Mon époux, que j’ai accompagné, jusqu’à la fin, a reçu les derniers sacrements la veille de son décès au domicile. Lorsque le prêtre est arrivé à la maison, il était dans un coma. Le prêtre lui parlait et il ne répondait pas. Lorsque le prêtre s’est levé pour partir, mon mari s’est ouvert juste un œil et lui a dit « Au revoir et merci pour tout. » Il est décédé le lendemain matin à 7 h 25 avec un dernier regard pour moi et en serrant la main (comme dernier au revoir) de notre ainé, alors âgé de 27 ans.

Mon époux était âgé de 55 ans et cela aurait fait 30 ans que nous étions mariés à l’Église le 2 septembre 2002 et il est décédé le 10 juin 2002 à notre maison. Je l’aimais et il me manque encore après 12 ans.

Voilà si on avait pensé à l’euthanasie dans notre cas, on aurait privé nos enfants et cinq petits-enfants de ma présence dans leur vie. Ils n’ont pas connu leur grand-papa, mais ils auront connu leur grand-maman. Je crois que c’est important dans la vie des jeunes enfants de connaître leurs grands-parents et de les côtoyer.

Une grand-mère qui aurait aimé vivre cinquante ans de vie maritale.

Rose-Hélène

0