Réaction à l’adoption du projet de loi C-7

Image tirée du site internet du Ministère de la justice du Canada.


Après la douche froide,
les raisons de demeurer mobilisés

Réaction conjointe de Vivre dans la Dignité et du Collectif des médecins contre l’euthanasie

La nouvelle loi sur l’aide médicale à mourir (AMM) est entrée en vigueur ce mercredi 17 mars 2021, tel que décrit dans ce communiqué du ministère de la justice du Canada. L’ultime étape aura été le vote des sénateurs pour adopter la dernière version du projet de loi C-7 proposée par une majorité des députés de la Chambre des communes.

Pour tous ceux et celles qui ont travaillé d’arrache-pied à bloquer les mesures facilitant l’accès à l’AMM, cette nouvelle s’apparente à une douche froide qui sacralise davantage le dogme de l’autonomie au dépend de la dignité réelle des personnes. La tentation de jeter la serviette devant le rouleau-compresseur de l’expansion de l’AMM au pays pourrait être forte chez plusieurs d’entre nous. À quoi bon poursuivre la mobilisation quand les dés semblent pipés d’avance?

Voici quelques raisons pour nous inviter à relever la tête et à poursuivre ensemble notre travail collectif contre le fort courant de pensée unique célébrant les vertus de l’AMM :

– La lutte contre les visées du projet de loi C-7 aura démontré hors de tout doute que l’opposition aux dérives de l’AMM n’est pas un enjeu partisan. Tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique, des voix se sont fait entendre pour exprimer leurs préoccupations liées à C-7, y compris le retrait du critère de fin de vie. Nous avons beaucoup aimé collaborer avec tant d’experts en matière de handicap, de personnes en situation de handicap, de leaders autochtones et de toutes ces personnes qui ont pris la parole au cours des derniers mois. Des liens importants se sont développés et nous sommes appelés à les entretenir.

– D’ici 30 jours débutera un examen parlementaire de la loi sur l’AMM au Canada. Nous devrons suivre de près l’évolution de ces discussions qui porteront sur « l’admissibilité des mineurs matures, les demandes anticipées, la maladie mentale, les soins palliatifs et la protection des Canadiens ayant un handicap ».

– Une bien mince victoire demeure dans la version finale du projet de loi : l’exclusion des directives anticipées pour les maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer. Des pressions se poursuivront au niveau provincial pour ouvrir à court terme une nouvelle brèche, celle des personnes inaptes qui auraient approuvé préalablement les circonstances choisies pour obtenir l’AMM. De plus, les militants d’un plus vaste accès à l’euthanasie font déjà miroiter à des patients que le projet de loi C-7 permet à des personnes atteintes de l’Alzheimer de demander et d’obtenir l’AMM lors d’un stade 4 de leur maladie (sur une échelle de 7), avant de devenir inapte. Une solution dramatique qui ferait mourir prématurément des personnes qui pourraient vivre dignes et heureuses lors des autres stades de la maladie, si elles étaient bien accompagnées.

– L’assouplissement des balises pour l’administration d’une injection létale à des personnes en fin de vie et l’établissement de nouveaux protocoles pour les personnes dont la mort naturelle n’est pas raisonnablement prévisible se font dans un contexte bien particulier. Selon de nombreux témoignages, les balises actuelles ne sont pas toujours respectées. À ce jour, nous ne sommes au courant d’aucune mesure disciplinaire contre des inconduites de ce genre. Nous devrons être particulièrement attentifs à ce que les balises promises soient à tout le moins respectées.

– Nous ne pouvons pas laisser le champ libre aux promoteurs de l’aide médicale à mourir comme solution aux souffrances physiques et psychiques de patients. Déjà certains contemplent la « fatigue de vivre » comme une raison suffisante pour demander ce soi-disant « soin » de « fin de vie ». Nous devons travailler à promouvoir des soins adaptés à tous les types de souffrances. Pour y arriver, nos gouvernements devront mettre les bouchées doubles pour améliorer les soins de santé mentale, le soutien des personnes en situation de handicap (emploi, logement, etc.), le soutien des personnes atteintes de maladies chroniques, peu importe leur âge, les soins et le maintien à domicile et l’appui aux proches aidants. Les défis ne manquent pas!

Ce faisant, nous pourrons retourner à la source des messages des campagnes de prévention du suicide et rappeler à ceux et celles qui envisagent la mort : votre vie est importante et nous serons avec vous pour vous accompagner dans les moments plus difficiles. Malgré vos peurs et vos souffrances, vous êtes et vous demeurerez toujours dignes.

Merci pour votre soutien pendant toute la durée des débats entourant le projet de loi C-7. Notre mobilisation se poursuit. Nous sommes déjà à l’ouvrage avec la production d’une vidéo sur les mythes entourant les soins palliatifs. Nous avons hâte de vous en dire davantage.

Les manches relevées,


M. Alex King
Président du conseil d’administration
Vivre dans la Dignité
 

Dr Catherine Ferrier
Présidente
Collectif des médecins contre l’euthanasie

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