Notre réaction au dépôt du projet de loi 38 à Québec

Graves enjeux éthiques à l'horizon: comment adopter des mesures d'une telle magnitude en trois semaines?

Urgence de réfléchir davantage sur la dignité humaine et son impact dans nos choix de société

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé, a déposé aujourd’hui un projet de loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d’autres dispositions législatives.

Vous pouvez en prendre connaissance ici.

En plus de se conformer à la loi fédérale C-7 (fin du critère de fin de vie, inclusion du handicap neuromoteur) et d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes par demandes anticipées tel que nous l’appréhendions, ce projet de loi contient une très mauvaise surprise: l’obligation faite aux maisons de soins palliatifs d’offrir l’aide médicale à mourir, sauf exception (item qui ne fait malheureusement pas partie du communiqué de presse, brève mention lors du point de presse du Ministre).

Nous nous sommes opposés à toutes ces mesures dans notre mémoire présenté en août 2021 à la Commission spéciale québécoise. Nous participerons activement aux consultations à venir. Nous sommes particulièrement navrés de constater que le gouvernement du Québec cède aux demandes des groupes et individus les plus millitants en faveur d’un élargissement tous azimuts de l’AMM en levant la protection de conscience dont bénéficiaient les équipes soignantes des maisons de soins palliatifs depuis l’adoption de la loi provinciale en 2015. Sur les 37 maisons de soins palliatifs au Québec, 16 refusent toujours d’offrir l’aide médicale à mourir sous leur toit. Désirons-nous vraiment imposer à 43% des maisons de soins palliatifs un geste en contradiction flagrante avec les principes des membres de leurs équipes? (Mise à jour du 27 mai 2022 par l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec: 13 maisons refusent toujours d’offrir l’AMM, dont 5 sont en réflexion).

Nous en appelons aux députés de l’Assemblée nationale du Québec pour qu’ils refusent d’adopter en trois petites semaines un projet de loi d’une telle magnitude. Que l’on soit en accord ou non avec les dispositions du projet législatif, elles concernent de graves enjeux éthiques. Une telle précipitation n’est aucunement justifiée.

En réponse initiale au projet de loi 38, Vivre dans la Dignité désire rappeler la dignité intrinsèque de chaque être humain, quelques soient ses fragilités. Nous en profitons donc pour publier les trois dernières vidéos de la série Élargir l’accès à l’aide médicale à mourir? qui donne la parole à M. Louis-André Richard.

Nous vous invitons à visionner ces trois nouvelles vidéos:

1) Vivre et mourir dans la dignité (10 min.)
La dignité devrait-elle se confondre avec l’autodétermination individuelle?
Si elle peut se perdre, est-ce qu’elle se gagne?
Une formidable réflexion sur la dignité humaine.

2) L’apparente unanimité (3 min.)
Après quelques mots inspirés de la sagesse des philosophes antiques, une réflexion sur l’apparente unanimité exprimée par l’entourage de ceux et celles désirant partir avec l’aide médicale à mourir.

3) La loi de la cigogne (4 min.)
Connaissez-vous la loi de la cigogne nous venant de l’Athènes du Ve siècle av. J.-C.?
Elle nous invite à réfléchir sur notre mortalité individuelle et à son impact collectif.

Professeur de philosophie, Louis-André Richard a participé aux travaux sur l’élaboration du projet de loi 52 (loi québécoise concernant les soins de fin de vie) à partir de 2010. Son expertise est en philosophie éthique et politique. Depuis plus de 15 ans, il donne des formations en accompagnement palliatif au Québec et en France. Il est titulaire d’un doctorat lié à la réflexion sur la philosophie, la culture palliative et la société, et auteur de plusieurs livres sur le sujet, dont La cigogne de Minerve. Philosophie, culture palliative et société (Presses de l’Université Laval, 2018).

Ces vidéos viennent compléter une série de sept, toutes disponibles sur la page YouTube de Vivre dans la Dignité:

– Mort paisible et mort en paix;
– Avant d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir au Québec;
– Baliser l’aide médicale à mourir pour troubles mentaux?;
– Directives anticipées et réalités de la fin de vie.

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Contact médias:

Jasmin Lemieux-Lefebvre
Coordonnateur
Vivre dans la Dignité

directionVDD@gmail.com

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